Dégustation à l’aveugle – La Boutique Sensorielle « Dans Le Noir » Paris
Bonjour à toutes et à tous, je m’appelle Alain et je remercie Michaële de m’avoir accordé un espace sur son blog afin de vous faire découvrir une boutique charmante dont j’ai moi-même appris l’existence grâce à deux jeunes créateurs que je suis sur YouTube.
Ceci n’est pas un article sponsorisé, mais il est issu seulement d’une volonté personnelle de partager une bonne adresse et sensibiliser les gens aux difficultés des handicaps visuels.
Ami(e)s parisiens/nnes, je vais vous parler aujourd’hui d’une boutique dite « sensorielle », rattachée à un restaurant, le tout rue Quincampoix dans le 4eme arrondissement.
Le côté « boutique » offre une multitude de produits Made in France, par des petits producteurs et remplis de saveurs. Seuls quelques vins sont d’origine Europe, mais pas au-delà.
Tous les produits sont primés par les Blind Tasting Awards, le concept approuvé par le Sénat, la Présidence de la République, et la chaîne récompensée de Trophées de l’accessibilité, de l’insertion, de la diversité. Les récompenses et nominations sont nombreuses et s’enchaînent depuis 2012.
Enfin bref ! J’ai choisi avec ma chérie (elle en parle aussi sur son Instagram en cliquant ici) de faire une dégustation de thé Tea Time à la boutique sensorielle, car nous ne nous sentions pas de nous lancer dans un apéro dînatoire ou une plus grosse dégustation dès la première fois.
Il faut savoir qu’au moment de votre réservation sur le site, on vous demande si vous avez des allergies ou des interdictions alimentaires. La boutique vous rappelle également quelques heures avant votre rendez-vous pour le confirmer et s’assurer que vous n’avez pas de restrictions alimentaires. Inutile de préciser que vous n’aimez pas tel ou tel aliment, vous en mangerez quand même.
La notion de ne pas aimer un aliment n’existe plus dans le noir 🙂
Arrivée à la Boutique Sensorielle, on nous propose d’abord de ranger nos affaires dans un placard pour lequel nous garderons la clé dans la poche. Aucune distraction ne doit nous détourner dans le noir.
Ni un portable, ni un reflet de montre, rien.
Nous sommes ensuite accueillis par notre guide, en l’occurrence Yamen, malvoyant sévère, même si au premier abord, on ne dirait pas. Yamen nous regarde dans les yeux, converse avec nous normalement et nous discutons de nos appréhensions et à priori sur l’expérience à venir, pendant qu’une assistante prépare les «plateaux». Ils ressemblent à l’image ci-dessous :
C’est en fait un support en forme de cube, disposant de réceptacles pour deux boissons et deux assiettes d’aliments solides.
Après avoir fait connaissance avec notre guide, nous entrons à trois dans la pièce noire de dégustation. Oubliez tout ce que vous pensez sur l’obscurité. Nous ne sommes plus dans l’obscurité de votre chambre à 2h du matin alors que vous tâtonnez pour aller jusqu’aux toilettes.
Il est question d’une pièce NOIRE, aux murs peints en noirs, au mobilier tout en noir, complètement étanche à la lumière.
En s’asseyant, on voit des flash, que notre cerveau fabrique, on entend chaque respiration, chaque contact de peau contre un vêtement ou la table…
Yamen nous explique que les saveurs ne viennent pas seulement de la bouche, mais également de l’odorat, de la vue. La perception que vous vous faites d’un plat lorsque vous le voyez fausse souvent le jugement.
C’est pourquoi depuis peu, les grands chefs expérimentent leurs plats dans le noir pour affiner le vrai goût, avant de travailler sur le visuel qui est beaucoup plus malléable. On nous explique qu’à défaut d’avoir la vue, nous allons travailler à exploiter notre langue, mais aussi l’appel d’air dans notre larynx qui fera remonter les saveurs jusqu’au nez.
Nous goûtons donc dans cet ordre :
- Un thé au citron, basé sur une plante asiatique améliorant le transit intestinal et arrangeant les problèmes gastriques. Pas difficiles à identifier, les arômes se rapprochent pas mal des verveines dont nous avons l’habitude lorsque nous avons l’estomac en vrac.
- Un thé au caramel, dont le goût est sublimé par l’ajout de lait, ingrédient que nous avons eu du mal à identifier. C’est genre HYPER bon. Je vous recommande d’essayer cette astuce, d’ajouter du lait, même avec un thé au caramel du commerce 😉
A chaque étape, Yamen nous propose d’abord de sentir le mug contenant le thé, essayer de deviner ce qui s’y cache, puis de le goûter et d’essayer d’en identifier le contenu. Le guide nous oriente, pour essayer de deviner et de stimuler nos papilles nous-même. Vous disposez d’un verre d’eau pour remettre à zéro le goût dans votre bouche. Les thés sont sans sucre pour les apprécier au naturel.
Toujours sur le même principe du sentir-deviner, goûter-deviner, nous avons testons ensuite 4 friandises :
- Un nougat aux amandes. Mais UNE TUERIE ! Genre c’est plus doux que les nougats traditionnels, avec des cacahuètes, sur lesquels vous risquez de laisser vos petites dents à moins d’être un grand mammifère carnivore. On pose le morceau dans la bouche et on le laisse fondre, c’est TERRIBLE et compatible dents de laie.
- Un macaron fait maison, en forme de soucoupe volante épaisse. Avec un goût de miel, il est croustillant et fondant, très léger, j’en aurai mangé une dizaine sans m’en rendre compte !
- Deux croquants au citron, contenant des morceaux d’écorce de citron. Très curieux, ils sont extrêmement riches en goût ! A chaque bouchée, on sent notre bouche et immédiatement après nos sinus inondés de cet arôme citron. Étrangement, je les voyais rectangulaires et jaune canari, en réalité, pas du tout. Nous avons pu les voir dans les rayonnages de la boutique en sortant. Les croquants au citron se marient extrêmement bien au thé au caramel, qui révèle avec puissance le goût des écorces de citron.
C’est tout pour la dégustation Tea Time. Après avoir tout consommé, Yamen nous propose de discuter librement sur son handicap, sans tabou. Il se présente et nous explique qu’il est malvoyant sévère. Il distingue seulement vaguement les formes et les couleurs, il doit donc constamment compenser par ses autres sens.
Ma copine étant orthoptiste et moi pilote d’avion, nous saisissons la grande importance de la vue au quotidien, celle-ci étant le récepteur d’un bon 90 % des informations qui nous entourent.
Yamen nous invite à poser des questions, à quoi je lui demande comment il circule à pied à Paris, comment il emprunte les transports en communs souterrains tels que le métro, comment il utilise son téléphone pour écrire mail, un texto ou faire appel à un Uber.
J’apprend donc que Yamen, lorsqu’il se déplace à pied dans Paris, est constamment en alerte, à essayer de percevoir les volumes d’air en passant d’une rue étroite à une rue large par exemple, ou en écoutant les bruits de moteurs en plus de capter les marquages au sol avec sa canne aux passages piétons.
Pour ce qui est des stations RER/métro, il se trouve qu’il les connaît presque toutes par cœur après les avoir faites accompagné ou en marchant lentement une fois. Son handicap a fait que son cerveau s’est sûrement adapté, dans sa structure neuronale, à retenir plus d’informations plus longtemps.
Sa mémoire est sans aucun doute bien plus développée que celle des voyants que nous sommes.
Pour l’utilisation de son téléphone, Yamen nous explique que l’iPhone est ce qui se fait de mieux en matière d’adaptation aux handicaps et qu’il nous le montrera à l’extérieur. Une fois sortis, je remarque à son poignet une Apple Watch, qui semble également pointue sur le handicap visuel.
Il nous fait donc une petite démo d’envoi de mail, de texto et de réservation de Uber sous nos yeux surpris. Et franchement, ça pète. C’est cher, mais quand on voit l’efficacité, ça pète grave.
Yamen, nous a rappelé à quel point les parisiens sont des c……. avec les handicapés.
Nous nous sommes ensuite dirigés vers l’accueil pour régler. La dégustation de thés aura coûté 19€ par personne, avec la possibilité d’acquérir les aliments goûtés pendant la séance d’environ 45 minutes.
Ce n’est pas excessivement cher pour l’expérience, et les produits exposés sont également abordables. En revanche, certaines prestations sont plus onéreuses, notamment l’apéro dînatoire à 35€. Yamen nous assure qu’il contient 8 aliments en plus des vins et qu’on en ressort sans faim. A essayer une prochaine fois 🙂
Vous pouvez également faire des dégustations plus classiques ou même une dégustation « goûter » pour les enfants le mercredi.
La boutique offre également un service de cartes postales gratuites, à remplir et pour faire découvrir à ses proches la boutique sensorielle, son restaurant et son spa (pour soi ou pour offrir), “Dans le noir” (celui-ci à Paris et Bordeaux).
Il suffit de la remplir, la laisser à la boutique, qui se chargera de la timbrer et de l’expédier gratuitement. La chaîne permet également d’organiser des séminaires de restauration pour comité d’entreprise par exemple.
Dans la même rue, vous pourrez retrouver le restaurant Dans le noir, à des tarifs plus élevés et excessifs à mon goût et pour ma poche. Je reste encore dubitatif quant au rapport qualité / prix du restaurant Dans le noir.
Les coordonnées :
Boutique Sensorielle Dans le noir
40 Rue Quincampoix
75004
09 83 49 98 97
12h-20h
Le site web : http://boutique.danslenoir.fr/les-degustations-a-laveugle/
La boutique en ligne : http://www.danslenoir.fr/eboutique
Je remercie la Boutique Sensorielle Dans le noir de leur accueil chaleureux et sympathique et j’y retournerai très certainement pour une dégustation plus fournie. Si vous comptez y aller, ne vous inquiétez pas de ce que je révèle dans cet article car les menus prévus sont nombreux et variables, il est peu probable que vous tombiez sur les mêmes éléments de dégustation.